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Récit d'une séance d'hypnose: le jour où j’ai rencontré Jim Harrison. (Juin 2024)

Dernière mise à jour : 4 nov.

récit littéraire d'une séance d'hypnose









Pour cet exercice, j’avais choisi une problématique qui me turlupine depuis un moment et qui concerne l’impact négatif laissé par mon licenciement. En effet, quelque chose d'inconfortable me traine encore à l'intérieur. Et même si elle n’a plus rien à y foutre, une rancœur rance s'accroche à moi, me pèse et m’alourdit. J'ai compris que je dois m’en débarrasser et ne pas rester dans ce conte que je me raconte, et que je raconte aux autres, depuis 6 mois, cette sorte de fable, de belle histoire dans laquelle mon licenciement ne m’a rien fait, et même qu'au contraire c’est une putain d’opportunité.  Comme la vie est belle !! Je déballe à chaque fois ce mirage pour soigneusement planquer l’effet qu’a produit en moi l’ouverture de ma lettre de licenciement. Ce genre de missive est comme un couperet qui tombe et fait réaliser que tout est acté. Que tout est définitif. Qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Que la vie a changé de cap. Que le futur à écrire sera très différent du passé. Au moment d’ouvrir une lettre pareille, même si tu sais très bien ce qu’elle contient, tu as les mains qui tremblent. Le cœur qui s’accélère. Comme dans les grands moments où tout se joue. Tu sais que tu ouvres un symbole brulant. C’est difficile de la tenir tellement la chaleur est intense. Tu voudrais ne pas l’ouvrir mais impossible de faire autrement. Et au moment de déchirer le papier marron de la grande enveloppe - je ne m'attendais pas à une enveloppe de cette taille, c'est con - une énorme vague te traverse. Une vague de 25 ans d’âge. Une tranche de vie qui te percute le cœur et l’âme. Et comme elle surgit de l'inconscient, impossible d'arrêter cette émotion qui te traverse. Fugace mais violente. Consciemment tu sais que tu veux tout changer, et qu'au fond, ce licenciement c’est sûrement une bonne chose pour toi. Mais inconsciemment, c’est une toute autre histoire. Tout te retient. La sécurité de ton boulot. La force des habitudes. La peur de la perte. Le confort de ne pas s’exposer. Et puis, il y a comme une douleur à l’ego qui s’installe en toi. En moi, en tout cas. Dur.

Nous sommes tous faits de plusieurs parties, c’est l’enseignement de ma semaine de formation. Et je réalise qu’au moment d’ouvrir mon enveloppe de licenciement, une certaine partie de moi s'est mise à gueuler très fort. Son cri était si assourdissant que je n’entendais plus rien d’autre. C’était si aveuglant que je ne pouvais plus rien voir d’autre. C’était si intense que je ne pouvais plus rien sentir d’autre. Et pendant quelques secondes, qui ont duré bien plus que ça puisqu’elles résonnent encore en moi en ce moment, cette partie est devenue mon Moi en entier. Et puis, j’ai pu commencer à lire la lettre. Et ce que je lisais était si énorme qu’une autre partie de moi est entrée en action. Une partie éprise de justice, d’une importance capitale pour moi. Comme tout ce que je lisais me semblait pire qu'une sinistre farce, comme tous les mots, les chiffres, les courbes, tenaient d'une supercherie n'ayant rien à voir avec la réalité économique, cette partie a alors tout envahi pour prendre la place de la précédente, l'engloutissant avant que j’aie la moindre chance de réaliser et d’accepter sa présence. Est-ce pour cette raison que ces deux parties sont encore en moi à gueuler comme des putois, même si je ne suis pas certain que les putois gueulent ? La deuxième émotion ressentie à cet instant a été une colère puissante, tant ce que je lisais me semblait délirant. C’était si décorrélé de la réalité que ça aurait presque pu me faire rire aux larmes.

Il a quelle forme ton rire ? Une grimace.

Il est de quelle couleur ? Jaune.

Il fait quel bruit ? Il ricane cyniquement et c’est infernal.

Ma lectrice, je viens d’écrire quelques questions que je pourrais très bien te poser si un jour je t’hypnotise. Tu seras ainsi moins surprise quand je te demanderai quelle forme a ton envie de changer ?

Moi, mon émotion ressemblait à un geyser partant de mon ventre pour monter vers la poitrine puis la gorge, pour venir finir en feu brulant dans mes joues, puis toute ma tête, avec l’intention féroce de me faire exploser. De rage. Envie de tout péter. Envie de tout casser. Envie de faire N’importequoi pour me faire justice. D’aller au Prud’hommes. De ne rien lâcher. De tout faire pour faire payer. Et puis la vague passe, comme toutes les vagues et elle s’étale sur la grève de la raison. Non, c’est débile, je risquerais de perdre de l’argent à cause des plafonnements mis en place par Macron. Une bonne raison pour le détester, lui qui m’oblige à ravaler la flamme qui s’est allumée en moi il y a quelques instants. Alors, je mets un mouchoir sur ma flamme et je mets le tout au fond d’une poche. Mais tout est mal éteint. Et si c’était ça qui me brûle la cuisse gauche depuis cette semaine ? Car oui, un truc brûle en moi en bas du dos, à gauche, vers les disques L5/S1. Ou peut-être L4/L5. On s’en fout. Ce qui est important c’est que ça brûle. Quel est le rapport avec ce qui précède ? Je ne sais pas mais s’il y en a un, je dois absolument terminer ce texte. Car il sera hyper important pour que la brûlure disparaisse.

Ma Lectrice, c'est ce lundi après-midi - ou peut-être bien mardi, trop de transe tue le temps - que j’ai rencontré Jim Harrison. Oui, oui, je te jure que c’est vrai Ma Lectrice, Jim Harrison en personne est venu me rendre visite dans la salle aux chaises rouges de l’Arche. Mon opératrice était Alix. Après avoir compris que mon objectif était de remettre mes émotions là où elles devraient être, là où elles auraient toujours dû rester, elle m’a demandé quel serait mon allié dans l'exercice SCORE :

 « Jim Harrison. »

Comme elle ne le connaissait pas elle m’a posé diverses questions sur cet écrivain. Comment est-il ? Quelles sont ses valeurs ? Comment agit-il ? Qu’est-ce qu’il a fait ? Je lui ai décrit du mieux possible Jim Harrison tel que je l'avais vu et aimé dans le documentaire (Seule la terre est éternelle) tourné par François Busnel environ un an avant la mort de l'écrivain. J’ai aussi décrit les paysages dans lesquels il vivait. La table en bois devant sa maison et devant laquelle il fumait une éternelle clope et picolait goulument des grands crus de vin rouge français. J'ai évoqué son œil mort. et surtout, son air de vieux sage, tanné par la vie, qui a tout appris, tout retenu et qui dispose de kilomètres de sagesse. Jim Harrison est un type qui en a vu, qui a bourlingué, qui a trainé sa carcasse dans tous les bouges, dans tous les mauvais coups. Il a connu la misère puis la richesse.  Il a pris toutes les drogues. Il a tout essayé. Pour devenir ce Jim Harrison du documentaire qui me parait être l’incarnation de ce que devrait être un humain. Et puis, il y a tous ces livres brillantissimes de Jim Harrison, emplis de personnages aussi sublimes que Dalva ou Chien Brun. Comment Jim Harrison ne serait-il pas un modèle pour un mec comme moi ? C’est forcément lui mon meilleur allié, qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus, Alix ?

Rien, de toute façon tu vas partir en transe. Mais avant, dis-moi, qu’est-ce que tu regardes par là-bas ?

Il faut dire que depuis un moment, tout en lui parlant de Jim Harrison, je fixais un point derrière Alix, un peu plus loin qu’elle, par terre. Et cela lui donnait la furieuse impression que je regardais Jim Harrison derrière elle. Alors elle s'était levée pour aller chercher une des chaises rouges de la salle située dans une des pièces aveugles de l'école de l'Arche, rue de Fontarabie, Paris vingtième, pour la placer à l'exact endroit que je fixais tout à l’heure.

 « C’est là qu’il est, Jim Harrison ? Oui ? Alors, je mets la chaise ici et comme ça quand tu seras en transe (j’y étais déjà pas mal en fait, car on ne sait jamais vraiment quand commence la transe et c'est souvent bien avant qu'elle a réellement débutée) tu pourras te dire qu’il est là et tu pourras discuter avec lui plus facilement. »

 Et bim, bam, boum, je m'étais retrouvé parti très, très loin quelques minutes plus tard.

 « Maintenant que tu es en transe, connecté à ton inconscient, redis-moi quelle est ta problématique ? »

 Et moi, de lui dire avec une élocution pâteuse :

 « J’ai une corde accrochée à la taille. Et j’ai un boulet accroché à cette corde. »

 Fuck !! Mais me d’où vient cette image ? Tout ça n'avait plus rien à voir avec ce que je lui avais expliqué avant.

« Et elle est comment cette corde ? »

Et me voilà parti sous le préau de l’école de Prissac à revoir, à toucher presque, la corde à grimper qui pendait d'une poutre de son toit, mais quelles sont ces associations délirantes ?

Sans plus attendre Alix m'avait ensuite transformé en Jim Harrison pour connaitre son avis.

 « Cris, il en verra d’autre. C’est la vie. Il ne faut pas se laisser arrêter par des choses qui n’ont pas être là. Tout a un début et tout a une fin. Et il en verra la fin avant la fin. »

 « C’est tout ce que tu as à dire Jim ?

 Oui. »

 Alix, au son de va voix, semblait dépitée de la petitesse et de la presque rudesse de la réponse de Jim, alors elle était revenue vers moi :

 « Et comment tu peux couper cette corde Cris ?

 Avec un couteau….. Oui.....Un couteau d’indien.

 Un couteau d’indien ?

 Oui.... bien sûr, un couteau d’indien ça coupe les cordes comme celles-ci.

 Ok. Super Cris. Et qu’est-ce qu’il en pense Jim ? On va lui demander s’il a d’autres idées. »

 Jim Harrisson m'avait, après mûre réflexion, livré une solution étonnante :

 « Cris, il faut qu’il écrive.

 Il faut qu’il écrive ? Qu’est-ce qu’il doit écrire ?

Il doit écrire car il sait très bien combien écrire soulage. S’il écrit ça fera passer ses émotions au bon endroit.

 Tu es d’accord, Cris, pour écrire ? Et si oui, comment tu vas faire ? »

Au moment où Jim m'avait conseillé d’écrire tout ce que je n’avais pas écrit, de décrire ce qui s’était passé en moi et qui y restait prisonnier, j’avais senti que des larmes pointaient le bout de leur gouttes au coin de mes paupière dans un flot très tranquille. Un peu comme si je venais de trouver la source d’une paix intérieure nouvelle. En même temps que Jim parlait, Cris se sentait si soulagé, qu’un immense sentiment de gratitude alimentait cette source lacrymale. Je m’aperçois que cette phrase doit paraitre complètement délirante à quelqu’un qui n’a jamais connu de dissociation sous transe. Et pourtant tout parait si vrai, si réel que tout se passe dans la tête comme si tout était vrai.

Pour moi, Jim Harrison était assis sur une chaise rouge devant sa table en bois, fumant tranquillement une cigarette, prenant de temps en temps quelques gorgées d'un excellent whisky pour y puiser son inspiration, avant de décider, juste après notre discussion, d'écrire quelques lignes manuscrites, armé d’un stylo à plume - d’indien bien évidemment - sur une feuille blanche posée sur une table lui servant de bureau, et située juste en dessous de la photo d’une femme à la poitrine nue, envoyée par une admiratrice, d'écrire donc quelques lignes - j'ai pitié de toi Ma Lectrice - qui raconteraient sa rencontre avec Cris, un type paumé ayant diablement besoin de se reconnecter aux vraies valeurs de la vie. Fuck!! Cette phrase est sûrement légèrement confusante ou peut-être énormément incompréhensible. Mais bien moins, quoi qu’il en soit, que la plus petite phrase de Proust et bien plus, c'est vrai, qu’une phrase habituelle de Cris. Mais cette phrase volontairement alambiquée représente si bien, la manière de penser quand on est en état de transe que je la laisse en état. Le raisonnement est un produit du conscient, du mental alors qu'en transe il est plutôt question de circonvolutions, de cercles imbriqués, de ramifications, d’embranchements, d’allers et retours, de liens incongrus, d’images improbables. Je me demande donc si, à chaque fois que j’écris, je ne serais pas un peu un transe car c’est exactement comme ça que j’ai autrefois décrit mes processus d’écriture dans un texte portant l’horrible titre « Le Glaviot ». Comme la transe est thérapeutique en soi, peut-être que c’est pour cette raison qu’écrire me fait toujours du bien ? Et peut-être que le conseil de Jim venait de cette conviction inscrite en moi depuis longtemps qu’écrire me propulse dans un état de conscience décalé qui me connecte à des parties de moi qui ne sont pas habituelles. Beaucoup des choses écrites depuis hier soir sont des pensées, ou des associations de pensées que je n’avais jamais faites avant cet exercice. Elles sont apparues à mon insu, tout comme ce demi-rêve surgit dans un demi-sommeil de la nuit qui a suivi la séance et où je me suis dit :

 "Cris, tout est clair maintenant. En rentrant vendredi dans le train tu prendras ton ordinateur et tu raconteras ton expérience avec Jim Harrison. Et dans cette expérience tu pourras mêler des informations sur l’hypnose à des sensations sous transe et surtout au récit de ce qui s’est passé à l’ouverture de ta lettre de licenciement. Et même si tu ne sais pas encore quelle forme ça va prendre tu le laisseras guider comme tu le fais d’habitude et à la fin du de la dernière phrase, quand tu sauras que c’est le bon moment pour toi, tu mettras un point final à ton récit et tu inscriras au-dessous un voilà de circonstance."


Voilà.




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